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Lecture

Le temps d’une poignée de main

Le mardi 12 avril 2016 à 19h30

Espace TriArtis
19 rue Pascal - 75005 Paris

 Infos pratiques  Présentation  Les photos

Espace TriArtis
19 rue Pascal - 75005 Paris

Participation aux frais 5€
Réservation par téléphone au 09 51 74 96 29 ou par mail

à 19h30

L’espace TriArtis & les éditions À dos d’âne présentent à l’occasion de la sortie de Le temps d’une poignée de main de Stéphane Mallarmé, un texte établi par Martin Melkonian aux éditions À dos d’âne, une lecture de Charles Gonzalès le mardi 12 avril 2016 à 19h30 précises.

Présentation et signature de Martin Melkonian.

Les formules de politesse qu’utilise Stéphane Mallarmé dans sa nombreuse correspondance contrarient les formules, les abrègent, les augmentent, en un mot transcendent la stricte salutation. Alors, c’est un être authentique qui écrit-parle. La main touche la peau, puis arrive au cœur. Ensuite, quelque chose ou quelqu’un remonte par le conduit de la gorge. On entend clairement une voix. [M.M.]

LA LETTRE ET LE CORPS

Martin Melkonian nous propose, dans Le temps d’une poignée de main, éditions À dos d’âne, un parcours à travers des formules de politesse utilisées par le poète Stéphane Mallarmé dans sa correspondance.

Après nous avoir invités aux tentatives de Stéphane Mallarmé pour bâtir un tombeau poétique à son fils Anatole, mort prématurément (Fiction de l’absence, éditions d’écarts, 2013), Martin Melkonian nous associe à un acte d’écriture prosaïque de l’écrivain, les formules de politesse tirées de sa correspondance. Les quatre suites de « versets » (dixit Melkonian) – « la main », « l’embrassade », « la posture créatrice », « l’illusion d’un “toujours” » – tracent un « médaillon », portrait « tout en manières et en émotions » de Mallarmé.

Le poète du verbe absorbant en lui la diversité du monde, s’ouvre à l’autre à travers une étreinte de papier qui relie tout en séparant. Le geste d’écriture adresse au lecteur une poignée de main seulement symbolique : « ce n’est qu’une vacante poignée de main que je vous envoie » (p. 61). Martin Melkonian rappelle la « fiction de l’absence » propre à toute écriture qui présente les êtres et les événements en leur absence, par un choix typographique : le texte occupe une page sur deux, faisant face à une page toujours blanche. À la mort du fils succède ici la promesse d’un contact physique avec l’autre, pour l’instant impossible : « Nous embrassons au hasard et de loin, désolés de perdre, en raison de l’heure, tout ce papier blanc, qui demeure, intact, la page des baisers » (p. 123).

Au détour d’une formalité sociale jaillit parfois une sentence brutale : « Quant à des conseils, seule en donne la solitude. » Pourtant, Martin Melkonian nous convie à un parcours ouvert dont la musicalité annihile tout sentiment de monotonie. Chaque lecteur, spectateur d’un corps en suspension, devient le destinataire d’un élan d’écriture chargé d’affectivité.

Gérard Malkassian,
Nouvelle d’Arménie Magazine,
1er janvier 2016.

Stéphane Mallarmé - Le temps d’une poignée de main

édition établie et présentée par Martin Melkonian

Éditions À dos d’âne, 144 pages, 12,50 €

Sur la couverture du livre, un encrier est au premier plan. À proximité, la main à plume s’apprête à tracer sur le blanc d’un feuillet. Grâce à la prise de vue de Nadar, on perçoit d’emblée la beauté du geste épistolaire de Stéphane Mallarmé.

Martin Melkonian a extrait de la nombreuse correspondance du poète « les formules de salutation qui saillent au début des lettres, à la fin, dans leur cours et quelquefois à plusieurs reprises au sein d’une même lettre ». Ainsi, une grande variété d’adverbes nuancent-ils le serrement de main : « cordialement », « chaleureusement », « affectueusement », « longuement », « loyalement », « pieusement », « douloureusement », etc. La main serrée, somme toute banale, a pour corollaire la main pressée ; mais elle est plus affective ou plus affectueuse. Il en découle une variation qui semble infinie. La main tendue, plus volontaire, fait également son entrée sur la scène de la correspondance. La main fraternelle, quant à elle, est franche. Elle s’avance sans précaution d’aucune sorte, crève pour ainsi dire la page, est sur le point de toucher celle du destinataire de la missive. Elle a l’autorité du désir, la force du partage, la simplicité de la demande : « La main. » C’est bouleversant.

Un chapitre de Le temps d’une poignée de main est consacré aux effusions de nature plus intimes. On passe alors du surprenant « Ronronnez de moi » à des formulations murmurées, délicates, mélodieuses, amoureuses, comme : « Je voudrais que cet appuiement de lèvres même lointain conjurât toute souffrance au futur et te fit souriante. »
En Nota Bene, Martin Melkonian invite tout comédien à s’emparer de ces phrases et fragments de phrases orchestrés afin d’« en proposer une interprétation sensible ». Il se réfère en l’occurrence à la cantatrice Cathy Berberian pour qui « l’émotion du style est dans la voix ».
À l’heure des échanges par textos, mails, tweets, et autres smileys, Martin Melkonian met en lumière des élégances qui ont disparu, ne serait-ce qu’à cause de l’usage sans frein des outils modernes de la communication. Saluons son ambition à vouloir fondre un médaillon à l’effigie de celui qu’il appelle avec révérence et justesse « l’ami poétique numéro un ».

Ouvrez vite cet ouvrage original dont la maquette inédite ne manquera pas de vous séduire, car elle offre une évidence et un confort de lecture inégalés. Typographiquement, donc visuellement, ce sont parfois deux mains, deux mains humaines, qui se tendent vers vous. Tant il est vrai que dans Le temps d’une poignée de main, page après page, c’est l’émotion qui l’emporte.

Nadine Doyen,
revue Traversées,
1er mars 2016.

photo de l'événement

Martin Melkonian

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Martin Melkonian et Charles Gonzales